|
|||||
La nouvelle cuticule, souple pendant quelques dizaines de minutes, permet l'augmentation de volume nécessaire à l'organisme. À ce moment, l'Araignée doit impérativement faire bouger chacune de ses articulations périodiquement, sans quoi elle en perd la mobilité. À l'approche de la mue, plusieurs modifications peuvent être observées. Tout d'abord, au niveau comportemental, le jeûne et une relative inactivité est la règle pendant un à quinze jours environ. Ensuite, l'aspect même de l'Araignée se modifie : sa coloration s'assombrit et se terni (la nouvelle cuticule est alors en place sous l'ancienne ; les nouvelles soies, couchées, sont d'ailleurs visibles par transparence), et les anciennes soies sont souvent en partie tombées, brisées par les chocs inévitables que leur impose la vie mouvementé de l'Araignée. Juste au moment de l'extraction de l'ancienne peau, l'araignée peut apparaître légèrement brillante, comme «mouillée» ou «grasse». Cet aspect est dû à la sécrétion d'un fluide favorisant le glissement des membres hors de l'ancienne cuticule. Après la mue, il est fréquent d'observer une teinte de fond bleuâtre ou verdâtre sur tout le corps de l'araignée, lui donnant un aspect quelque peu étrange surtout sur une photographie (la lumière des flashes met cette coloration particulièrement en valeur). D'autre part, le profil du céphalothorax est plus arrondi, et les yeux qui n'ont pas encore occupé tout le volume de la nouvelle cuticule cornéenne ont un aspect inhabituel. La vielle cuticule, nommée exuvie, est abandonnée sur place par l'araignée. Bien souvent, on la confond avec un cadavre desséché, mais outre le fait que ce dernier est rarement laissé en place par les nécrophages (fourmis), il présente des pattes recroquevillées et un céphalothorax intact, non «décapsulé» comme celui de l'exuvie. Les araignées sédentaires, surtout celles à toile non géométrique, incorporent souvent les débris de leur exuvie à la toile, mêlés aux restes des proies. Le nombre de mue est très variable, de quatre ou cinq à peine pour les petites araignées vivant moins d'un an à plus de douze pour les espèces pérennes ou de grande taille. La dernière mue est caractérisée chez les entélégynes par l'apparition des caractères sexuels secondaires, épigyne chez la femelle, bulbes copulatoires des pédipalpes et excroissances du cymbium, etc. chez les mâles (au stade précédant cette dernière mue, le tibia des pattes-mâchoires des mâles est gonflé, laissant apercevoir par transparence les excroissances à venir). C'est aussi le moment d'apparition des colorations et des pilosités de cour des mâles qui en sont pourvu. Tous ces caractères sont souvent indispensables à l'identification d'une espèce, et aussi est-il très utile de garder certains spécimens en élevage jusqu'à leur mue sexuelle. Dans nos régions, seules les Mygales et la famille labidognathe des Filistatidae ont des femelles capables de muer après avoir pondu une première fois. Leur longévité est très élevée, probablement supérieure à la décennie. Depuis sa sortie de l'oeuf, une jeune araignée passe par différents stades de croissance mais ne subit pas de métamorphose. Ces stades ne sont guère évidents à déterminer, les caractères les identifiant étant particuliers à chaque espèce. On prendra en compte, par exemple, le nombre et la disposition des épines ou des trichobotries sur les pattes, le nombre de denticules à la marge des chélicères ou aux griffes des pattes. On comprend dès lors mieux la difficulté de travail que rencontrent les écologues, qui récoltent toujours une proportion plus ou moins importante d'araignées immatures dont on ignore l'âge mais aussi qu'il est souvent difficile d'identifier, en l'absence de caractères sexuels. |
|||||
|