Sous-ordre des Aranéomorphes
Famille des SALTICIDAE - Araignées sauteuses

 Liste des espèces
(16% d'endémiques)
  • Ælurillus affinis (Lucas, 1846)
  • Ælurillus v-insignatus (Clerck, 1757)
  • Attulus histrio (Simon, 1875)
  • Ballus armadillo Simon, 1871
  • Bianor aenescens tantulus (Simon, 1868)
  • Bianor albobimaculatus (Lucas, 1846)
  • Carrhotus xanthogramma Latreille
  • Chalcoscirtus infimus (Simon, 1868)
  • Cyrba algerina (Lucas, 1846)
  • Dendryphantes nidicolens (Walckenaer, 1802)
  • Euophrys acripes (Simon, 1871)
  • Euophrys aequipes ludio (Simon, 1871)
  • Euophrys baliola (Simon, 1871)
  • Euophrys convergentis Strand, 1906
  • Euophrys difficilis (Simon, 1868)
  • Euophrys erratica (Walckenaer, 1825)
  • Euophrys frontalis (Walckenaer, 1802)
  • Euophrys gambosa (Simon, 1868)
  • Euophrys herbigrada (Simon, 1871)
  • Euophrys lanigera (Simon, 1868)
  • Euophrys luteolineata (Simon, 1871)
  • Euophrys nigripalpis Simon, 1937
  • Euophrys pictilis (Simon, 1871)
  • Euophrys rufibarbis comptula (Simon, 1871)
  • Euophrys sulphurea (Koch L., 1867)
  • Euophrys terrestris (Simon, 1871)
  • Euophrys vafra (Blackwall, 1867)
  • Evarcha arcuata (Clerck, 1757)
  • Evarcha falcata (Clerck, 1757)
  • Evarcha flammata (Clerck, 1757)
  • Evarcha jucunda (Lucas, 1846)
  • Heliophanus corsicus Simon, 1871
  • Heliophanus cupreus (Walckenaer, 1802)
  • Heliophanus edentulus Simon, 1871
  • Heliophanus encifer Simon, 1871
  • Heliophanus flavipes
  • Heliophanus lineiventris
  • Simon, 1868
  • Heliophanus rufithorax Simon, 1868
  • Heliophanus viriatus Simon, 1868
  • Icius congener (Simon, 1868)
  • Icius hamatus (Koch C., 1846)
  • Icius subinermis (Simon, 1937)
  • Leptorchestes mutilloides Lucas, 1846
  • Marpissa muscosa (Clerck, 1757)
  • Marpissa nivoyi (Lucas, 1846)
  • Menemerus falsificus Simon, 1868
  • Menemerus semilimbatus (Hahn, 1827)
  • Menemerus taeniatus (Koch L., 1867)
  • Mithion canestrinii (Ninni, 1869)
  • Mogrus frontosus (Simon, 1871)
  • Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778)
  • Neaetha membrosa (Simon, 1868)
  • Neon laevis (Simon, 1871)
  • Neon muticus (Simon, 1871)
  • Pellenes arcigerus (Walckenaer, 1837)
  • Pellenes geniculatus (Simon, 1868)
  • Philaeus chrysops (Poda, 1761)
  • Phlegra bresnieri (Lucas, 1846)
  • Phlegra cinereofasciata (Simon, 1868)
  • Pseudicius badius (Simon, 1868)
  • Pseudicius encarpatus (Walckenaer, 1803)
  • Saitis barbipes Simon, 1868
  • Salticus cingulatus
  • Salticus confusus Lucas, 1846
  • Salticus conjonctus (Simon, 1868)
  • Salticus mutabilis Lucas, 1846
  • Salticus propinquus
  • Salticus scenicus (Clerck, 1757)
  • Salticus scitulus Simon, 1868
  • Salticus zebraneus (Koch C., 1837)
  • Sitticus pubescens
  • Sitticus terebratus (Clerck, 1757)
  • Synageles dalmaticus (Keyserling, 1863)
  • Thyene imperialis (Rossi, 1846)
             

 Femelle d'Icius hamatus nettoyant ses yeux en les brossant avec ses pédipalpes. Purtichju, 1990.

 

Femelle d'Evarcha falcata sur son poste d'observation, dans les feuilles basses d'une haie. Folelli, 1999.

 

 Mâle adulte et aux couleurs très contrastées d'Heliophanus lineiventris. Restonica, 1988.

Femelle de Menemerus taeniatus tapie sur une pierre chauffée par le soleil. Aleria, 1998.

 

 Grosse femelle de Pseudicius encarpatus sur une pierre au soleil. San Pedrone, 2000.

 

 

Une femelle d'Heliophanus flavipes est occupée à dévorer une mouche. Corte, 1988.

Moeurs généraux

Les araignées sauteuses sont errantes et diurnes, sauf exception (Cyrba algerina est plutôt crépusculaire).

La soie est filée pour confectionner des loges servant d'abri pour la nuit, ou pour plusieurs jours à la mauvaise saison, ainsi que pour muer ou pondre. Dans ce dernier cas, la loge tissée est plus grande.

La prédation se fait à vue ; les proies capturées sont souvent aussi grosses que l'araignée, rarement plus. Le déroulement de l'attaque d'une Menemerus semilimbatus (Hahn), observé sur un mur ensoleillé de Pozzu di Brandu en juillet 1996, résume assez bien la technique générale de ces araignées :

à l'affût sur son mur, au soleil, la Menemerus voit une grosse mouche noire se poser à environ 6 cm ; aussitôt, elle se tourne dans sa direction, et glisse furtivement, millimètre à millimètre, en s'aplatissant comme un chat, vers sa cible ; à 2 cm environ, elle s'arrête, fixe des ses yeux médians antérieurs la mouche, puis bondit brusquement, fil de sécurité en place ; la lutte est rapide, violente ; la mouche est saisie par les pattes antérieures de l'araignée, qui plante ses crochets dans la nuque du diptère ; dans un dernier sursaut, celui-ci tente de s'envoler, décolle et chute avec l'araignée agrippée à lui ; suspendus au fil de sécurité, les deux protagonistes tournoient à toute vitesse dans le bourdonnement désespéré des ailes de la mouche ; deux minutes plus tard, le poison a fait son oeuvre et Menemerus remonte avec une mouche immobile entre ses chélicères ; à l'abri dans une faille du mur, un repas commence qui durera plus d'une heure.

L'accouplement donne lieu à des parades très animées, le mâle qui rencontre une femelle exécutant, pour la décider à accepter sa semence, une véritable danse de séduction. Il agite pour cela ses parties du corps les plus colorées ou contrastées (abdomen, qu'il tient alors dressé, pattes-mâchoires, pattes ambulatoires diverses...), mais la coloration des cils et barbes ainsi que les chélicères hypertrophiées de certains jouent aussi un rôle. Cependant, des accouplements sans préliminaires (le mâle fécondant dans sa loge la femelle qui vient de muer) ont été décrits.

La femelle fécondée va tisser une loge plus spacieuse que celles habituellement fabriquées et y confectionne un cocon lenticulaire recevant la ponte. Elle garde ses oeufs jusqu'à l'éclosion, qui voit sortir des jeunes encore dépourvus de leurs yeux. Après leur seconde mue, ils ont acquis ces organes essentiels et peuvent quitter le giron maternelle pour courir leur premières chasses. La femelle meurt peu après.

 

 Description générale

Très grande famille comptant plus de 4 000 espèces au monde. En Corse, c'est la seconde famille pour l'importance numérique avec 71 taxons (sub)spécifiques recensés dont 11 endémiques (soit environ 16%), mais elles ne sont pas bien connues pour autant : 36 espèces n'ont pas été retrouvées depuis les travaux d'E. Simon (1875-1914) par exemple.

La taille est petite à moyenne, comprise entre 2 et 12 mm en Corse.

La description des yeux, très inégaux de taille, suffit pour caractériser cette famille : les 4 antérieurs, placés sur le plan vertical du céphalothorax, sont très gros et resserrés ; les 2 médians fournissent une image binoculaire d'excellente résolution (pour une araignée), et détectent les couleurs ainsi que, probablement, la lumière polarisée, et ils ont en outre une capsule oculaire capable de se déplacer dans tous les sens, d'avant en arrière pour effectuer la mise au point (comme un objectif d'appareil photo), de gauche à droite et de haut en bas, et aussi un curieux mouvement de rotation intervenant dans la reconnaissance des proies et des partenaires ; les yeux postérieurs sont disposés en rectangle, les médians sont très petits, presque vestigiaux.

La pilosité de la face, dont l'aspect est un critère spécifique au sein de nombreux genres, porte des noms particuliers : autour des gros yeux antérieurs, les soies, souvent colorées vivement, sont des cils ; entre ces yeux et les chélicères, sur le clypéus, ce sont des barbes.

L'aspect général est par ailleurs très variable, allant des espèces trapues et assez massives chassant au sol, jusqu'aux espèces allongées et aplaties des troncs d'arbres et aux mimétiques de fourmis au pédicule allongé très visible et à l'abdomen étranglé.

Les autres caractères généraux sont un céphalothorax presque toujours plus long que large, de forme carrée en avant et arrondie en arrière ; des chélicères normalement verticales, mais les mâles de certains genres les ont très développées et projetées en avant (dimorphisme sexuel) ; les pattes sont plutôt courtes et robustes, parfaitement adaptées au saut (les mâles de certains genres ont des soies colorées disposées en rangs ou en brosse qu'ils utilisent lors des parades, d'autres ont des pattes I plus fortes, renflées, et souvent plus sombres) ; l'abdomen a une forme plus ou moins allongée, arrondie en avant et s'amenuisant en arrière ; les filières sont terminales, généralement courtes ; le pédicule est court, caché par l'abdomen, sauf pour les genres myrmécomorphes (Myrmarachne, Leptorchestes et Synageles) chez qui il est visible, participant à l'aspect "taille fine" imité de la fourmi.