Comme la plupart des autres petits arthropodes terrestres,
les araignées sont avidement recherchées par
tous les prédateurs à régime insectivore :
musaraignes, oiseaux, lézards, grenouilles et beaucoup
d'autres raffolent de leur corps mou, riche en graisses et protéines.
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Le plus petit mammifère
du monde, la musaraigne étrusque (Pachyurus etruscus),
n'est pas le moins vorace. Un criquet fait ici les frais de son
appétit, mais n'importe quelle araignée croisée
sera aussi au menu.
Viscuvatu, 1999. |
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Une araignée Poecilochroa
sp. s'est introduite dans la toile pouponnière d'une pisaure
(Pisaura mirabilis) afin de dévorer les oeufs et/ou
les jeunes.
Bastia, 1996. |
La rareté relative des chenilles dans les forêts
xérophiles méditerranéennes les fait même
passer au premier plan de l'alimentation des poussins de mésanges
et d'autres petits oiseaux.
Pour se protéger vis-à-vis de cette menace,
plusieurs défenses, passives ou actives, sont employées,
parfois de façon concomitante :
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- Le camouflage, qu'il soit réalisé par
homochromie avec le substrat (cas des Araignées-crabes
du genre Misumena par exemple) ou par mimétisme
avec une pièce végétale (cas des Araignées-crabes
du genre Tmarus par exemple) ou avec un insecte
peu recherché par les prédateurs, la fourmi.
Ces dernières araignées, dites myrmécomorphes,
ressemblent à s'y méprendre à une fourmi :
taille, silhouette et coloration, mais aussi démarche
agitée, sur six pattes seulement, la première paire
servant «d'antennes». Les fourmis offrent comme
modèle deux avantages : elles sont nombreuses
et l'effet de groupe est déjà une protection en
soi, et leur défense (piqûres, sécrétion
d'acide formique, mandibules puissantes) les fait regarder avec
méfiance par les plus voraces des insectivores comme les
lézards ou certains oiseaux. Ces Araignées myrmécomorphes
ne sont par contre pas camouflées vis-à-vis des
fourmis elles-mêmes, qui savent reconnaître chimiquement
leurs paires, ce qui explique que les Aranéides myrmécophages
strictes ou occasionnelles ne ressemblent pas forcément
aux fourmis.
- L'autotomie est la faculté,
pour une araignée tenue par une patte, d'en rompre l'attache
au niveau de l'articulation hanche-trochanter avec une perte
minime d'hémolymphe.
Le prédateur se trouve ainsi avec une patte à dévorer
mais l'araignée est sauve.
Ce membre perdu sera régénéré après
une ou deux mues.
- La fuite, bien sûr, reste le premier moyen d'éviter
d'être dévoré.
Les araignées y excellent, les espèces vivant sur
leur toile se laissant tomber au sol (le fil de sécurité
dévidé derrière elle ralentit quelque peu
la chute et, surtout, permet de regagner son piège une
fois le danger passé) et les araignées errantes
se faufilant à toute allure dans les moindres interstices.
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Ce Tibellus parallelus se camoufle en optant pour une
posture "tout en long", pattes et corps plaqués
contre une tige ou un autre support végétale (ici,
une inflorescence de plantain).
Diana, 1989. |
Une mygale Cteniza sauvagesi extraite de son terrier est
très mécontente, et passablement effrayée.
Elle opte pour l'intimidation, ouvrant largement ses chélicères
massives et dressant ses pattesI et II.
Poghju di Venacu, 1995. |
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- La menace, chélicères déployées,
pattes antérieures étendues et céphalothorax
dressé, est courante chez les araignées de forte
taille découvertes ou débusquées.
Cette menace peut très bien être mise à exécution
si l'attaquant insiste, la morsure injectant un poison plus ou
moins violent.
C'est dans ces circonstances qu'on lieu la plupart des accidents
avec l'homme, qui effraye bien involontairement une veuve noire,
une lycose ou n'importe qu'elle autre grosse araignée.
Les plus petites espèces sont aussi responsables de morsures
quand elles se retrouvent prisonnières d'un vêtement
par exemple, mais peu d'entre elles arrivent à percer
la résistante peau humaine.
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