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Si la presque totalité des araignées sont de petits prédateurs venimeux inoculant leur venin, élaboré dans les glandes venimeuses, par les crochets creux semblables à des aiguilles de seringue de leurs chélicères, organes situés à l'avant du corps de part et d'autre de la bouche, seule une infime minorité présente un risque pour l'homme. Dans le monde, sur les plus de 40 000 espèces répertoriées, seule une dizaine est reconnue pour représenter un véritable danger, vital. Cependant, toute morsure d'araignée est assez douloureuse. L'injection du venin et d'enzymes digestives provoquent le plus souvent un gonflement local (oedème), parfois étendu, et la trace des deux piqûres des chélicères est souvent longue à guérir (parfois plusieurs semaines, voire plusieurs mois). L'exemple type de ce genre de morsure est celle infligée par la grande et agressive ségèstrie florentine, Segestria florentina (Rossi). Les grosses araignées sont les plus à même de réussir à percer la peau humaine, et suivant la localisation de la morsure et la quantité de venin injectée, le résultat est très variable : douleur locale et fugace ou au contraire intense, étendue à tout le membre et durant plusieurs jours, guérison en quelques jours ou en plusieurs semaines. Chaque venin a aussi des effets différents : les grosses Hogna radiata (Latreille), par exemple, ne font pas plus mal qu'une guêpe, alors qu'une Argiope bruennichi (Scopoli) provoque une inflammation importante et très douloureuse. Les seuls cas d'envenimation sérieux dans les régions nord-ouest méditerranéennes sont à imputer à la seule famille des Theridiidae, et plus particulièrement aux genres Latrodectus, Steatoda et Achaeranea. Leurs venins, à composants neurotoxiques actifs sur l'homme, sont redoutables même aux doses infimes comme celles que ces animaux très petits peuvent injecter. La veuve noire par exemple a un venin plus dangereux que celui d'un serpent comme le cobra, mais la quantité de venin que peut injecter en une seule morsure un tel serpent de deux mètres de long est plusieurs dizaines de fois supérieure à celle que peut fournir une araignée de 1,5 cm de long. Le genre Chiracanthium, de la famille des Clubionidae, possède aussi un venin dangereux, actif sur l'homme, mais qui n'entraîne pas de conséquences aussi graves (quelques cas de très fortes douleurs avec parfois un arrêt respiratoire). La famille des Loxoscelidae enfin, à travers les araignées du genre Loxosceles, pose des problèmes de morsures très nécrosantes, parfois mortelles ailleurs dans le monde (Amériques principalement), mais pas, pour l'instant, en région méditerranéenne. |
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L'envenimation neurotoxique : le latrodectisme. Cette envenimation est la plus grave qui soit, et est le fait principalement du genre Latrodectus (araignées dites Veuves noires ou Malmignattes). Cependant, d'autres araignées de la famille des Theridiidae sont aussi connues pour avoir entraîné des problèmes sérieux, bien que moindres. Ce sont surtout, dans notre région, les Steatoda paykuliana (Walckenaer), S. nobilis (Thorell) et Achaeranea tepidariorum (Koch L.). Toutes les espèces appartenant à ces deux genres sont à considérer avec méfiance, bien que les plus petites comme S. phalerata (Panzer), S. albomaculata (De Geer) ou S. triangulosa (Walckenaer) soient vraiment peu susceptibles de réussir à percer notre épiderme. La séquence d'envenimation par la veuve noire, Latrodectus mactans tredecimguttatus (Rossi), est généralement la suivante :
Les cas mortels sont très rares, liés à des complications cardiaques, à des défaillances respiratoires ou à une surinfection. Les sujets les plus à même de connaître des suites mortelles sont les enfants en bas âge, les personnes âgées ou les personnes malades du coeur. Le traitement est actuellement très efficace, basé sur l'injection d'un sel de calcium, qui supprime les contractions musculaires et les douleurs, puis d'un sérum anti-latrodecte. En l'absence de ce sérum, les médecins injectent un relaxant musculaire, comme le dantrolène. Un traitement par antibiotiques réduit le risque de surinfection et diminue l'inflammation des ganglions lymphatiques. Mais même avec ce traitement, très efficace s'il est administré dans les 24 heures suivant la morsure, la victime d'une morsure de malmignatte reste très fatiguée plusieurs semaines. En Corse, le latrodectisme n'est pas rare, et selon les années on en recense jusqu'à plus de dix cas par saison estivale. |
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L'envenimation nécrosante : le loxoscelisme. Lors d'une morsure de Loxosceles, on constate une nécrose locale des tissus autour de la zone mordue. C'est également ce type d'envenimation qui se produit lors des morsures de Chiracanthium, de Segestria, de Lycosa et de Tegenaria, ainsi que de nombreuses autres araignées puisque toutes ont des venins à actions digestives destructrices de protéines. Dans la plupart des cas (et c'est toujours ce qui a été constaté sous nos latitudes), la morsure est peu douloureuse et donne simplement lieu à une inflammation locale du type bouton de moustique, disparaissant en quelques jours. Pas de quoi en faire un chapitre donc... Cependant, parfois, une croûte se forme qui tombe en moins d'une semaine, laissant une petite plaie guérissant en un mois environ. Dans d'autres cas, observés en Amériques mais pas dans les régions méditerranéennes, le lieu mordu enfle considérablement, ne donnant pas lieu à une nécrose et guérissant en moins d'une semaine. Plus rarement (une fois sur dix peut-être), l'enflure,
importante, voit se développer une croûte pendant
deux à quatre semaine, qui tombe ensuite pour laisser
une zone à vif, suintante, ne dépassant pas en
profondeur le derme. Enfin, dans les cas les plus graves et, heureusement, les plus rares, on constate une atteinte d'organes profonds (foie, reins, cerveau) avec forte fièvre et décès dans un cas sur dix à un cas sur quatre. Le traitement par sérum est très variable, certains malades ne le supportant pas bien, et le traitement par de fortes doses de corticoïdes semble efficace. |
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Loxosceles distincta (Lucas, 1846) (Loxoscelidae) - ? Loxosceles rufescens (Dufour, 1820) (Loxoscelidae) - Dysdera crocata Koch C., 1839 (Dysderidae) - Dysdère safran Segestria florentina (Rossi, 1790) (Segestriidae) - Ségestrie florentine Achaeranea lunata (Clerck) (Theridiidae) - Malmignatte à croissants Achaeranea tepidariorum (Koch C.) (Theridiidae) - Malmignatte couleur de pierre Achaeranea riparia (Blackwall) (Theridiidae) - Malmignatte des berges Latrodectus mactans tredecimguttatus (Rossi) (Theridiidae) - Veuve noire, malmignatte, malmignatulu, malmignattu, zinevra Steatoda albomaculata (De Geer) (Theridiidae) - Petite malmignatte à taches blanches Steatoda grossa (Koch C.L.) (Theridiidae) - Malmignatte des murs Steatoda nobilis (Thorell) (Theridiidae) - Malmignatte noble Steatoda paykulliana (Walckenaer) (Theridiidae) - Malmignatte balafrée Steatoda triangulosa (Walckenaer) (Theridiidae) - Petite malmignatte des maisons Hogna radiata (Latreille, 1817) (Lycosidae) - Tarentule radiée Lycosa oculata Simon, 1876 (Lycosidae) - Tarentule de Bonifacio Chiracanthium punctorium (Villiers, 1789) (Clubionidae) - Chiracanthe ponctué |
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Copyright U Marinu/Norbert VERNEAU - mars 2002 |