Sous-ordre des Aranéomorphes cribellates
Eresus niger ignicomis
Simon (Eresidae)
 Les espèces proches
 aucune
             

Distribution

L'espèce Eresus niger Petagna a une assez grande répartition dans toute la région méditerranéenne, mais aussi au nord de la chaîne alpine jusqu'en Angleterre et au Danemark. Trois sous-espèces (ou variétés ?) endémiques sont décrites sur les femelles, deux de Corse, une d'Espagne. Les mâles sont assez semblables. En Corse, la sous-espèce E. niger tricolor Simon a été récoltée à Vizzavona et Bastelica. E. niger ignicomis Simon, sujet de cette fiche, a quant à elle été décrite des Îles Sanguinaires et de Bonifacio, et a été récoltée tout récemment à Corte et Campitellu.


Un couple d'Eresus niger ignicomis se rencontre. Le mâle est plus petit et plus coloré que la femelle.
Campitellu (Haute-Corse). Printemps.

Écologie

Ce sont des araignées terricoles assez rares et très discrètes, dont seuls les mâles adultes, errants dès la deuxième quinzaine de septembre à la recherche des femelles, sont facilement repérables avec leur belle couleur rouge orangé et noire. Ils adoptent une posture de défense originale à ce moment, dressant et agitant leurs pattes antérieures en ouvrant les crochets des chélicères, et dressant leur abdomen en le faisant vibrer. La femelle ne quitte pas son terrier prolongé par un auvent de soie jaunâtre très adhésive et encombré des restes de ses victimes. Ce terrier est excessivement difficile à trouver, caché comme il l'est sous les pierres ou la mousse. Parfois cependant, l'érèse place son terrier entre une pierre et le sol, ce qui la rend alors facilement repérable. L'accouplement ne donne pas lieu à une véritable parade, mais le mâle qui parvient à une femelle l'agrippe, lui marche dessus, pour brusquement plonger entre les terribles crochets venimeux que sa conquise ouvre en grand. Il fait ceci sans aucun signe d'hésitation ou de méfiance, et accède ainsi à l'épigyne. La longévité est importante et atteint 3 à 4 ans en Europe du nord. Elle est probablement inférieure sous nos climats plus chauds, mais cela reste à étudier. Le cocon, gardé par la mère dans le tube de soie, est déplacé fréquemment jusqu'à l'auvent. Les jeunes restent dans le terrier avec la mère jusqu'à un stade avancé, et dévorent parfois son corps si elle meurt de vieillesse. Le tissage de la toile ne se déroule que la nuit dans le calme le plus complet. Il faut plusieurs nuits de travail pour achever l'auvent dans toute son étendue. Les biotopes recherchés sont des étendues de type garrigue, caillouteuses et à faible couverture végétale, très ensoleillées. Les deux sous-espèces décrites de Corse semblent être distribuées l'une à basse altitude (c'est l'E. niger ignicomis), l'autre en montagne (c'est alors l'E. niger tricolor). Il faut noter qu'une guêpe parasite, non encore observée en Corse, est strictement spécialisée dans l'attaque d'Eresus niger.

 

Description

Cette araignée est remarquable par son très grand dimorphisme sexuel :

  • La femelle atteint 25 mm de longueur. Le céphalothorax est noir, parsemé de soies gris clair à brun clair dans la forme continentale « standard », moucheté de blanc avec une ligne jaune longitudinale au-dessus des yeux médians, des dessins rouges sur les côtés, et des soies rouge vif dans la moitié basale des chélicères dans la forme montagnarde corse tricolor, ou encore parsemé de soies rouges, avec le front et les deux premiers tiers de chélicères rouge orangé dans la forme plus littorale ignicomis. Les pattes sont fortes, noires avec une pubescence gris clair à brun clair plus parfois des touffes de soies blanches pour la forme continentale, noires avec des petites touffes blanches à l'extrémité des fémurs et des autres articles antérieurs chez tricolor, noires avec des petites touffes rouges ou blanches à l'extrémité des articles antérieurs chez ignicomis. L'abdomen est massif, noir avec quelques soies claires à l'avant, parfois (forme ignicomis) avec des soies orangées à l'avant.
  • Le mâle ne dépasse pas les 11 mm. Le céphalothorax est surélevé en avant, noir avec un semis de soies blanches sur la partie céphalique, et une couverture de soies rouge orangé sur la partie thoracique. Les pattes sont noires avec des anneaux de soies blanches aux articulations, sauf les pattes III et IV qui sont couvertes de soies rouge orangé ainsi que le fémur des pattes II. L'abdomen est dorsalement couvert de soies rouge orangé parsemés de quelques soies blanches et porte 2 à 3 paires de taches noires dorsales. Les côtés, le bord postérieur et la face ventrale sont noirs. Aucune différence significative n'est décelable chez les mâles des différentes sous-espèces, ce qui laisse à penser que les variations notées pour les femelles ne sont pas de rang subspécifique mais plutôt l'expression d'une variabilité locale. La question reste entière.

La toile, de soie jaunâtre papyracée souple, est en forme de tube mou dont les deux tiers postérieurs sont enterrés plus ou moins obliquement, et qui se termine à l'extérieur par un repli formant un auvent dont les fils de soie cribellée s'attachent aux cailloux environnants. Le cocon est constitué de deux enveloppes, l'interne blanc nacré enferme les ufs, l'externe jaunâtre, épaisse et touffue, accroche des débris.

Carte des stations
 

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