La température

Les préférences thermiques des araignées sont le plus souvent très précises, bien que les études de terrain ou de laboratoire visant à les connaître soient encore peu développées.

Certaines espèces auront besoin, pour assurer le développement de leurs oeufs par exemple, d'une période hivernale suffisamment froide (beaucoup d'Argiopidae sont dans ce cas).

D'autres recherchent les biotopes chauds toute l'année, et sont sous nos latitudes en limite de survie - Cyrtophora citricola (Forsköl), absente de France continentale, se limite en Corse à quelques stations du littoral ne connaissant pratiquement jamais le gel et caractérisées par une végétation dite thermoméditerranéenne.

 Femelle de Cyrtophora citricola sur sa toile, tissée sur un buisson de myrtes.
Ajaccio, 1995.


Cocon d'une argiope fasciée, Argiope bruennichi, placé entre les mailles d'un grillage de poulailler (ces mailles ont un écartement de 5 cm). Un tel cocon passe tout l'hiver et possède, pour y résister, des couches de soie isolantes.
Viscuvatu, 1998.

Les températures extrêmes peuvent être supportées de plusieurs façons par les araignées.

La résistance même de l'organisme est très variable suivant les espèces, qui sont pour certaines, comme l'épeire des roseaux, Larinioides cornutus (Clerck), capable de voir leur température corporelle chuter couramment à -7°C, et exceptionnellement à -25°C, et cela sans geler (les liquides corporels sont dits en surfusion).

La majorité des autres araignées de nos régions résistent également à des températures négatives en gardant leur milieu intérieur en surfusion grâce à des composés «antigel» qu'elles synthétisent.

La résistance peut être améliorée par une protection qui peut être fabriquée par l'araignée elle-même (elle s'enferme alors dans une loge de soie généralement simple, en tissu d'une seule épaisseur), ou encore être tissée par le mère autour des oeufs (cocon).

Certains de ces cocons sont très simples, réduits à quelques fils ou à un tissu fin qui ne jouent alors aucun rôle isolant (cocon des Pholcidae, des Scytodidae), mais d'autres sont des chefs-d'oeuvre exemplaires d'isolation, non seulement vis-à-vis de la température mais aussi des pertes d'eau et des prédateurs ou des parasites.

Les cocons des argiopes de nos régions, Argiope lobata (Pallas) et Argiope bruennichi (Scopoli), sont à cet égard parfaitement représentatifs : les couches de soie les composant sont multiples et de qualités différentes, cotonneuses, papyracées, bouclées.

La résistance aux températures extrêmes concernent aussi les hautes températures, et il faut savoir qu'une épeire sur sa toile en plein soleil estival peut voir sa température corporelle atteindre +45°C sans dommages. Les araignées lapidicoles par contre meurent rapidement à ces températures.