Les araignées dans les écosystèmes
Les parasites et les parasitoïdes des araignées

Certains prédateurs sont exclusivement arachnophages : ce sont les Araignées-cannibales, de la famille des Mimetidae, qui chassent les petites araignées sédentaires frondicoles sur leur propre toile.
     

Les parasites des araignées sont nombreux, et si certains s'en prennent indifféremment à tous les petits arthropodes (moisissures et autres), d'autres, de la Classe des Insectes essentiellement, sont strictement spécialisés.

On distingue généralement parmi eux des parasites de cocons, des endoparasites, installés dans le milieu intérieur de l'Araignée, et des ectoparasites, qui se fixent à l'extérieur de la cuticule.

Le terme de «parasite» devrait être remplacé dans ce dernier cas par celui de parasitoïde, puisque l'hôte est systématiquement tué et dévoré (ce mode de vie est en quelque sorte intermédiaire entre la prédation et le parasitisme).

 
(1)
Les parasites de cocons
exploitent les riches réserves nutritionnelles que constituent les oeufs, les prélarves ou même les jeunes.
Toute la difficulté consiste en la pénétration des couches de soie les enveloppant après avoir déjoué la surveillance maternelle, assidue le plus souvent.
Les Mantispes (Famille des Mantispidae, Ordre des Névroptères, au moins trois espèces sur la zone de cette étude), petits insectes volants à allure de mante religieuse, chassent divers insectes à l'âge adulte mais leurs larves recherchent les cocons des araignées-loups (Famille des Lycosidae). Elles y pénètrent en forant un passage puis se développent en dévorant les oeufs. Les mères lycoses, qui pourtant transportent leur cocon sous elles, semblent incapables de détecter le danger.

(2)
Les endoparasites restent invisibles à l'observation externe de l'animal,
leur développement se déroulant à l'intérieur du corps de l'Araignée.
On en connaît des exemples parmi les vers Nématodes, mais aussi parmi les mouches (Ordre des Diptères, Famille des Oncodidae).
Les araignées atteintes semblent tout d'abord tout à fait normales, mais elles finissent par cesser toute activité, s'amaigrissent, puis meurent en livrant passage au parasite.
 



Le cylindre blanc, de la taille d'un grain de riz, visible sur l'abdomen de cette Araneus est l'oeuf d'une guêpe pélopée.
Viscuvatu, 1999.


Toujours dans la même cellule de terre, on peut reconnaître, à droite, la très commune Araneus diadematus (mâle immature), mais aussi, à gauche, une grosse Araneus angulatus (mâle subadulte).
Viscuvatu, 1999.

(3) Les ectoparasites sont les plus connus.
Les moeurs de certains d'entre eux, des Insectes de l'ordre des Hyménoptères, ont été merveilleusement décrites par Jean-Henry Fabre à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle.
Ce sont les mères de ces guêpes qui chassent les araignées, les paralysant d'une ou plusieurs piqûres de leur aiguillon venimeux, puis, selon les cas, les laissant sur place ou les transportant dans des nids pour y pondre leur oeuf.
Les principales guêpes rencontrées en France Méridionale sont :

  • Les Pélopées (Ordre des Hyménoptères, Sous-Ordre des Apocrites, Famille des Sphecidae) sont représentées par deux espèces : Sceliphrons spirifex (Linné) et Sceliphrons destillatorium Illiger.
    Ce sont de grandes guêpes sveltes jaunes et noires construisant fréquemment leurs nids de terre dans les maisons, mais aussi en extérieur contre les murs, sur les troncs ou dans les bottes de paille, en été.
    Les quelques 2 à 12 cellules de chaque nid sont approvisionnées de plusieurs araignées de la famille des Argiopidae (parfois jusqu'à 18) qui seront dévorées en une quinzaine de jours par la larve unique de chaque cellule.
  • Les Ichneumons (Ordre des Hyménoptères, Sous-Ordre des Apocrites, Famille des Ichneumonidae) sont représentés par un grand nombre d'espèces qu'il est malaisé de distinguer.
    Quelques-unes chassent les araignées, bien que la majorité des espèces soient des parasitoïdes de chenilles de papillons, de Coléoptères et autres Hyménoptères.
  • Les Pompiles (Ordre des Hyménoptères, Sous-Ordre des Apocrites, Famille des Pompilidae) sont tous des parasites d'araignées, actifs en été.
    Les nids sont le plus souvent creusés dans les sols sablonneux, parfois aussi dans le liège des chênes.
    Chaque cellule sera approvisionnée d'une à trois araignées paralysées par une piqûre ayant atteint les ganglions nerveux.
    Elles seront dévorées par la larve avant l'arrivée de l'hiver.
    Plusieurs dizaines d'espèces sont recensées, mais seuls les spécialistes sont capables de les identifier.
  • Les Sphégiens (Ordre des Hyménoptères, Sous-Ordre des Apocrites, Famille des Sphecidae) ne comptent que quelques espèces intéressées par les araignées parmi les quelques centaines recensées.
    On peut citer par exemple les petites guêpes noires du genre Miscophus, qui recherchent essentiellement les araignées de la famille des Theridiidae, dans les dunes, et qui creusent leur terrier dans les sols sablonneux meubles ; les Trypoxylon, quant à eux, utilisent les cavités déjà existantes (tiges creuses, terriers d'hyménoptères abandonnés ou autres galeries du bois mort) pour entasser jusqu'à trente araignées de petite taille et de diverses familles (Theridiidae, Linyphiinae, Argiopidae) dans chacune des cellules qu'elle séparera avec une cloison d'argile et qui recevront un oeuf.

 Une araignée sauteuse de l'espèce Saitis barbipes (femelle adulte) est sur le dos, pattes recroquevillées, paralysée. La femelle de guêpe Agenioideus sp. qui l'a piqué la transporte en la tirant par une hanche.
Viscuvatu, 1999.


Une larve d'Ichneumonidae est fixée au corps d'une petite araignée Theridium sp. Cette araignée n'est pas paralysée et reste active, tout en étant lentement dévorée.
Bastia, 1997.


Une guêpe de la famille des Pompilidae transporte l'araignée-crabe Xysticus sp. qu'elle a paralysée. Cette araignée sera enfermée, vivante mais incapable du moindre mouvement, dans un terrier prélablement creusée dans le liège d'un chêne-liège.
Ajaccio, 1995.